Les années d'or du couvent rédemptoriste - Eglise Saint Joseph Bruxelles

Les pères Rédemptoristes sont une congrégation apostolique, et en 75 ans, ils ont prêché plus de 1 900 retraites et missions. Une des premières fut celle qui devait préparer les princes royaux à la première communion et à la confirmation. En effet, entre 1901 et 1909, le palais du marquis d’Assche (actuel Conseil d’État) fut la résidence de membres de la famille royale, le prince Albert (1875-1934) et la princesse Elisabeth (1876-1965), futurs souverains. Y naquirent le futur roi Léopold III (1901-1983) et le régent Charles (1903-1983).

Le 21 juillet 1856, à l’occasion de la fête nationale et des 25 ans de règne du roi Léopold Ier, eurent lieu de grandes manifestations sur la place en face de l’église ; la famille royale avait pris place dans des tribunes élevées, à l’endroit où se dresse l’actuel « Conseil d’État », et une autre tribune était adossée contre les portes de l’église et était destinée au clergé. On vit sortir de Saint-Joseph un cortège de prêtres et de prélats comme la Belgique n’en avait encore jamais vu. Venant de la porte de Laeken, le roi fut accueilli à l’entrée de la rue Guimard par toutes les autorités du pays. En passant sous une voûte majestueuse, le cortège se dirigea vers la place de la Société civile (devenue ensuite place Saint-Joseph et actuellement square Frère Orban) qui n’était encore qu’une plaine à l’époque. Les cérémonies se clôturèrent par un Te Deum chanté par le cardinal Sterckx, les évêques et le clergé présent.

Notons enfin les grandes prédications de l’Avent et du Carême, les conférences du samedi auxquelles assistèrent les princes royaux et la Princesse Charlotte, conférences données par le père Victore-Auguste Deschamps, futur archevêque de Malines (1867-1883), à l’époque provincial des rédemptoristes en Belgique. L’Avent prêché par le futur cardinal Deschamps (1810-1883) dans une église dont la vaste enceinte était trop petite pour contenir la foule, fut suivi, en 1853, par un grand nombre d’hommes illustres dont le comte Charles de Montalembert (1810-1870) et le célèbre général Louis de Lamoricière (1806-1865), organisateur du corps franco-belge des « Zouaves Pontificaux », qui se convertit suite à une prédication sur l’enfer.

En 1898, se tinrent dans l’église les assemblées générales du IXe Congrès Eucharistique International, en présence de deux cardinaux et de plus de quarante évêques. Il y eut également plusieurs consécrations épiscopales : Mgr Philip Schelfhaut, C.SS.R., évêque de Roseau (La Dominique-Caraïbes), le 16 mars 1902, par le cardinal Pierre-Lambert Gossens, archevêque de Malines ; Mgr Jaak Moris, C.SS.R., lui aussi évêque de Roseau, le 30 avril 1922, par le cardinal Désiré-Joseph Mercier, archevêque de Malines ; et Mgr Antoon Demets, C.SS.R., évêque coadjuteur de Roseau, le 24 août 1946, par le cardinal Jozef-Ernest Van Roey, archevêque de Malines. Deux cérémonies d’ordinations sacerdotales y furent célébrées en 1870.

Voici maintenant quelques chiffres concernant les communions pascales. En 1849, on en nota 10 000. En 1860, ce chiffre fut triplé : près de 30 000 communions. En 1879, on atteignit les 45 000 communions. On en compta 54 000 en 1883, 68 000 en 1893, et 83 000 en 1910 (après le décret Quam singulari du Pape saint Pie X sur la communion fréquente).

L’année 1923 se clôtura avec le chiffre remarquable de 129 000 communions pascales. La beauté des cérémonies avait fait de Saint-Joseph une des églises les plus fréquentées de la capitale, avec sept messes le dimanche. Des services religieux y furent célébrés pour des associations patriotiques telles que la Fraternelle du 5ème Lancier, l’Union nationale de la Presse Clandestine, la Fédération des Anciens prisonniers de guerre, la Fraternelle du 1er et 2e Régiment des Guides, la Fédération nationale des croix de l’Yser, dont on trouve au fond de l’église un obiit. Nombreux furent également les services religieux célébrés pour les familles de la noblesse habitant le quartier à l’époque, tels que le prince Louis de Merode, la baronne van der Straeten Waillet, le baron Adolphe de Furstenberg, père du futur cardinal de Furstenberg, la comtesse Stanislas de Robiano, la comtesse Joseph de Pret Roose de Calesberg, la baronne Ferdinand d’Huart, née de Liedekerke, le baron de Villenfagne de Sorinnes et du Saint-Empire, la comtesse d’Oultremont, etc. En 1951, le père Costenoble, C.SS.R., entendit 28 350 confessions, et en 1952, 26 454 : cela signifie 70 à 80 confessions par jour.

Chaque année, pendant la Semaine sainte, saint Joseph prenait les allures d’une cathédrale. Les nonces apostoliques successifs en Belgique y venaient célébrer pontificalement les offices impressionnants au milieu d’une foule considérable. Le cachet aristocratique de l’église fut encore relevé par la célébration de la messe de Pâques 1932 par le nonce apostolique, Mgr Clemente Micara (1879-1965). À partir de l’année 1946, ce fut le nonce apostolique Mgr Fernando Cento (1883-1973) qui vint chaque année célébrer la Semaine sainte à Saint-Joseph. En 1952, Mgr Joseph-Léon Cardijn (1882-1967), fondateur de la JOC et futur cardinal, vint célébrer le Chemin de Croix du Vendredi saint. En 1954, à l’exemple de son prédécesseur, ce sera Mgr Efrem Forni (1889-1976) qui viendra pontifier pendant la Semaine sainte, et ceci jusqu’à son départ pour Rome en 1962, lorsqu’il fut élevé à la pourpre cardinalice. En 1955 fut célébrée une messe pour le repos de l’âme du chef de cabinet du roi Beaudouin, Hubert Verwilghen ; le roi assista personnellement à cette célébration. En ce qui concerne la fête de Noël, il fallait s’adresser au frère portier pour aller retirer gratuitement une carte pour être sûr d’avoir une chaise pour assister à la messe de minuit.

Vers la fin de la seconde guerre mondiale, les pères rédemptoristes cachèrent ici des pilotes anglais partis d’Angleterre pour aller bombarder l’Allemagne, et qui s’étaient fait descendre au-dessus du territoire belge par la défense anti-aérienne allemande. Ces pilotes étaient amenés par des « passeurs d’hommes », dont Victor Michiels, jeune avocat et membre du réseau de résistance « La Comète », qui les conduisait à l’église Saint-Joseph devant le confessionnal du Père Costenoble, où il se mettait dans la file des pénitents, sans attirer aucunement l’attention vu leur nombre. Ils étaient ensuite cachés dans les sous-sols, en attendant d’organiser avec les services de la résistance leur retour vers l’Angleterre. Conduits clandestinement à travers la France jusqu’en Espagne, ils embarquaient sur des bateaux de pêche en direction de la Grande-Bretagne. Mais des agents doubles à la solde de l’Abwehr s’introduisirent dans le réseau, et le soir du 19 novembre 1942, alors qu’il revenait d’une expédition, Victor Michiels, attendu par deux hommes de la Gestapo à proximité de son domicile de l’avenue Voltaire, fut abattu d’un coup de revolver, à l’âge de 26 ans.

Le 13 mai 1967, à l’occasion du 50ème anniversaire de la première apparition de Fatima, eut lieu une grande journée mariale clôturée par un salut du Saint Sacrement célébré par Mgr Silvio Oddi (1910-2001), nonce apostolique et futur cardinal. Le 13 mai 1971, pour le jubilé du couronnement de Notre-Dame de Fatima « Reine du Monde » accompli le 13 mai 1946 par le pape Pie XII, Mgr Joseph Devroede (1915-1989), vice-recteur de l’Université Catholique de Louvain, couronna la statue de Notre-Dame, à gauche à l’entrée du chœur, d’une couronne spécialement bénite le 16 mars précédent par le pape Paul VI.

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