L’église Saint-Joseph, perle du patrimoine historique de Bruxelles, fut construite dans le quartier Léopold à la suite de l’extension de la ville et grâce à la volonté politique du roi Léopold Ier (1790-1865). Elle fut dédiée à saint Joseph, patron de la Belgique depuis plus de 335 ans. En effet, à la demande du roi Charles II d’Espagne, le 19 avril 1679, dans la bulle Examina pietas, le pape Innocent XI proclamait officiellement saint Joseph patron et protecteur de la Belgique, à l’époque «Provinces Belgique Unies», donc plus de 150 avant l’indépendance du pays en 1830.
” Commencez par bâtir une église, les maisons viendront “
À cette époque, il n’y avait encore aucun monument national dédié à saint Joseph dans la capitale. L’église fut construite grâce au groupe financier « Société civile », fondé en 1837 et dont le but était l’agrandissement et l’embellissement de Bruxelles en faisant surgir de la vaste plaine qui s’étendait d’Ixelles à Saint Josse, une ville nouvelle : le Quartier Léopold. Beaucoup hésitèrent à venir habiter ce désert. C’est alors que fut suggéré à Suys, l’architecte de la « Société civile », cette solution sage : « Commencez par bâtir une église, les maisons viendront ».
Le comte Ferdinand de Meeûs (1798-1861), président de ladite société, déclara à cette époque dans son discours prononcé le 6 avril 1842 lors de la pose de la première pierre : « À la conception du plan de ce quartier, auquel le roi a permis que son auguste nom fût donné, se rattachait la pensée d’élever une église à la gloire de Dieu. La Société civile et la Société de mutualité industrielle ont voulu offrir un témoignage solennel des sentiments dont sont pénétrés ceux qui n’ont cessé de faire des efforts pour fonder et développer en Belgique des grandes branches de l’industrie. Ces sociétés hâteront le moment où, dans cette église, des prières s’élèveront chaque jour pour le bonheur de la famille royale, pour la conservation de notre nationalité et pour le développement de toutes les branches de la prospérité publique ». Il était donc naturel que l’église, conçue comme un temple national, fut dédiée à saint Joseph, patron spécial de la Belgique depuis la fin du 17ème siècle.
La construction de l’église débuta en 1842 et la première pierre fut posée en grande pompe le 6 avril de la même année, par le cardinal Englebert Sterckx (1792-1867), premier archevêque de notre archidiocèse après l’indépendance, en présence de nombreux notables, dont l’internonce Mgr Raffaele Fornari (1787-1854). Les travaux se terminèrent en 1849 et l’église fut confiée aux Rédemptoristes (« Congrégation du Très Saint Rédempteur »), société sacerdotale fondée en 1732 par saint Alphonse de Liguori. L’église Saint-Joseph fut bénite le 24 juin 1849 par le curé doyen de Sainte-Gudule, l’abbé de Coninck.
En 1847, le quartier Léopold comptait 115 maisons.
Selon un contemporain, « ce riche et charmant quartier Léopold semble vouloir éclipser par sa magnificence tout ce que renferme l’intérieur de Bruxelles ».
C’est le seul exemple bruxellois de façades néo-classiques. L’immeuble de droite était la propriété de la comtesse Ferdinand de Meeûs, qui le fit construire après la mort de son mari et l’occupa jusqu’à son décès. Ensuite, c’est leur fils, le comte Eugène de Meeûs, qui en devint le propriétaire et finit par le donner en location au prince Eugène de ligne, président du sénat. L’immeuble de gauche était le siège de la « Société civile pour l’Agrandissement et l’Embellissement de la Capitale », dont Ferdinand de Meeûs était le président. C’est le 24 juin 1874 qu’eut lieu la dédicace de l’église par le nonce apostolique à Bruxelles, Mgr Giacomo Cattani, futur archevêque de Ravenne et cardinal (1823-1887).
Tilman-François Suys, architecte belge, est né à Ostende le 1er juillet 1783 et mort à Bruges le 11 juillet 1861. Il succède à Charles Van der Straeten (1771-1834) à la fonction d’architecte du roi. Son œuvre exprime de la manière la plus évidente la transition entre le classicisme et la néo-Renaissance italienne. Il fut également l’architecte de la gare du quartier Léopold, du Conseil d’État, du Palais des Académies, et, en 1826, il unifia par un péristyle à colonnades la façade du Palais royal de Bruxelles.
Le bas-relief au-dessus de la porte centrale est une œuvre de Julien Leclercq et représente « Le triomphe de la Foi ». Dans les deux niches qui surmontent les portes d’entrée latérales, il y avait les statues des deux Joseph de la Sainte Écriture, d’un côté Joseph, le fils de Jacob, et de l’autre saint Joseph, époux de la Vierge Marie. Par la suite, ces deux statues ont disparu, mais nous ne savons pas dans quelles circonstances. Il a fallu attendre 1945 pour qu’une statue prenne à nouveau place dans la niche de droite. Cette statue fut offerte par la population en action de grâce à l’occasion de la fin de la deuxième guerre mondiale. L’horloge en façade fut redorée à la feuille d’or par un artiste anversois de renom, Van Bortel.
